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STERNENFALL DE ANSELM KIEFER

LE LYRISME DE LA MATIÈRE : TRADUCTION D'UNE ÉPOQUE

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   Sternenfall est une œuvre d’Anselm Kiefer, un artiste plasticien contemporain allemand. Elle est conservée et exposée au Grand Palais à Paris en 2007. Cette imposante sculpture est essentiellement composée de livres, de fer, d’acrylique, de plomb, de verre et de fil de cuivre.

En un premier coup d’œil, nous pouvons apercevoir des bouts de verre éparpillés dans la salle, ou encore des feuilles de papiers qui sembleraient calcinées. Sous forme de carré en trois dimensions, elle prend presque vie dans la pièce d’exposition. Il semblerait que l’œuvre se brise au fur et à mesure, impression d’autant plus marqué avec les débris de verre se trouvant autour d’elle, pouvant également faire office de socle à connotation contemporaine. 

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    En ce qui concerne le cadrage de la photographie réalisée par Vincent Nguyen, nous parlons de cadrage dit resserré. Le photographe s’est essentiellement concentré sur l’œuvre en trois dimensions, les débris, eux aussi parties prenantes de la sculpture, n’apparaissent pas dans leur entièreté. De plus, la photographie ne traduit que très peu de profondeur : absence d’ombres et surexposition lumineuse. 

La photographie est structurée par des lignes directrices. Dans un premier temps, les murs verticaux de part et d’autres ont un effet dynamisant sur l’image, leur symétrie encadre l’œuvre. La ligne qui marque une profonde démarcation, entre le sol et les murs, est d’autant plus importante. Au niveau de la sculpture, les trois lignes horizontales coupent, ce qu’on pourrait appeler le cube, en trois. Tandis que la ligne verticale coupe l’œuvre en son milieu. Ces lignes ont un effet de structuration sur l’œuvre et permettent de lui apporter un certain équilibre agréable à l’œil des spectateurs. 

Le lieu est simple : une pièce aux murs blancs et sol gris. Nous retrouvons ainsi un certain contraste entre le lieu d’exposition et l’œuvre exposé, on ne retrouve pas de mise en situation en amont traduit

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par une certaine scénographie. Le spectateur ne se trouve pas déconcentré par l’environnement qui entoure l’œuvre, il ne peut que se “concentrer” sur cette dernière. En parallèle du lieu neutre, la sculpture semble désordonnée, cassée, comme si elle avait subi un choc violent auparavant. La neutralité de la pièce est une partie intégrante de l’œuvre, tout comme l’incidence lumineuse. L’œuvre est illuminée par les côtés droit et gauche.   Ce qui se dégage de l’image est un ensemble froid, presque violent (avec les verres brisés). Comme si la sculpture était inaccessible avec tous les débris de verre autour. On ressent un malaise en la regardant, on ne peut pas voir ce qu’il y a derrière et les côtés sont difficilement perceptibles. Les livres sont peints comme s’ils étaient censurés (référence à certaines périodes de l’histoire.

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Avec du recul cette sculpture peut rappeler la nuit de cristal de novembre 1938, où les synagogues ont été détruites par le troisième Reich, les magasins juifs furent cassés laissant

dans les rues une multitude de débris de verres (cf les débris de part et d’autres de l’œuvre). Les livres Juifs furent aussi brûlés sur les places. On retrouve alors dans cette sculpture certains passages de cette époque : les débris de verres (magasins), les livres brûlés (livres peint en noir comme s’ils étaient carbonisés). L’artiste veut montrer le lyrisme de la matière. Il veut montrer la violence de cette nuit, la détresse, la tristesse de cette époque de guerre. Enfin le titre Sternenfall (la chute des étoiles en allemand) est un nouvel indice concernant le sujet de cette œuvre. Oeuvre qui traduit un passage douloureux de l’histoire. 

Oriane Bey

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